You are the cause of my euphoria | ft.Elisea.

Trois jours. Seulement trois jours que tu étais là, et tu te sentais déjà complètement dépaysé. Le décalage horaire n'aidait en rien, pas plus que les quelques dix huit heures d'avion que tu avais dans les pieds et qui continuaient de peser sacrément lourd malgré le fait qu'on t'avais donner la consigne simple de seulement te reposer, jusqu'au début du tournage. Au départ, tu avais pensé que ce serait facile. Cependant, il y avait bien des choses que tu avais oublier de prendre en compte dans tes calculs, tellement de choses au final que bien entendu, tes prévisions s'en trouvaient totalement faussées. Non, tu n'allais pas démarrer ce tournage dans les meilleures conditions du monde … pas du tout, même, puisque le réveil qui avait sonné dès six heures le matin même t'avais déjà filer la migraine, en plus de te forcer à te lever du pied gauche. Toi qui avait la réputation d'avoir un sourire des plus enjôleur et adorable, tu avais été bien incapable de l'afficher de toute la matinée. Pour couronner le tout, tu avais du supporter ce pseudo « manager » ou garde du corps que ton agence t'avais mis dans les pieds, il avait râler durant des heures, il avait agresser une figurante, et même une pauvre fille qui distribuait du café parce que ces gens avaient eu le malheur de mal prononcer ton prénom. Le comble, c'est qu'il avait fallu que tu désamorces toi-même cette bombe en demandant simplement à ce qu'on t'appelles « Swan », argumentant du fait que, de toutes façons, tu avais l'habitude.

Sans surprise, les premières prises du drama avaient été catastrophiques, et toi, entre chacune d'entre elles, tu t'étais assis sur cette chaise – très inconfortable – à fixer le vide, la bouche à demi ouverte. Ce n'est que lorsque la pause déjeuner avait enfin sonnée que tu avais eu cet espoir, d'enfin pouvoir retrouver un peu de bonne humeur. Tu avais toujours été gourmand, de ce fait, tu avais naturellement pensé qu'en mangeant quelque chose de bon, tu reprendrais du poil de la bête. Malheureusement, tu n'avais clairement pas apprécier la salade. Elle était mal passée pour toi, qui n'avait rêver que de viande grillée lorsque tu avais entendu le mot « déjeuner ».

C'est donc toujours largement dépité que finalement, tu t'échappes. Tu t'esquives à la surveillance du gorille qui te colle pratiquement à la peau depuis le début de ton séjour ici et tu te lances dans la découverte, et la visite de cette grande baraque dans laquelle, pour l'heure, se déroule la majorité du tournage. C'est une belle maison, une villa impressionnante, de celle que l'on peut voir dans les séries américaines les plus connues. Et tu sais quoi ? C'est au bord de la gigantesque piscine d'eau bleutée que tu choisis de t'arrêter. Tu te débarrasses de tes baskets pour simplement t'asseoir au bord de l'étendue d'eau, et puis, comme un enfant, tu te penches sur la surface pour y tremper tes doigts et jouer avec l'eau.

C'est finalement ce dont tu avais besoin, un peu de temps pour toi, rien que pour toi. Il faut dire que tout s'est enchaîné depuis ton recrutement dans le groupe, ça a toujours été ton objectif, ton rêve même si on peut dire, mais cette vie n'est pas de tout repos, c'est une évidence. Les entraînements. Les concerts. Les shows. Les interviews. Les tournages. Les enregistrements. Tout ça demandait du temps, de l'énergie. Et puis il y avait eu ces presque deux années de service militaire et même pendant cette période, on avait continuer à planifier pour toi. Juste avant d'entrer à l'armée, il y avait eu ce casting, et lorsque ça avait commencé, tu savais déjà que lorsque tu en sortirais, tu quitterais la Corée pour tourner. Au fond, tu n'avais même pas eu le temps de rentrer chez toi, de voir ta famille. Il y avait toujours quelqu'un avec toi, auprès de toi, pour te dire quoi faire, où aller, et parfois même, quoi dire.

Du coup, tu profites au maximum de ces quelques minutes. Le manager de l'agence – ou peu importe ce qu'il est censé être en réalité – est probablement déjà à ta recherche, et tu sais qu'il ne tardera pas à te remettre la main dessus. Mais tu sais quoi, Soo-hwan ? Comme toujours, ce moment ne dure pas. Il est même trop court, comme d'habitude. Et si tu soupires lorsque tu entends cette voix masculine, tu le fais discrètement avant de te redresser. Cet homme, tu ne le connais pas, pas plus que la jeune femme qui se trouve à ses côtés. Tu te penches légèrement en avant, par respect, en guise de salut, comme on le fait si habituellement dans ton pays et puis, tu affiches un demi-sourire relativement poli. « Merci mais … la maquilleuse n'appréciera pas, je pense. » Ton accent est très perceptible, évidemment. Tu as toujours été doué pour les langues, tu es d'ailleurs le seul du groupe à en maîtriser autant, si bien que tu sers d’interprète sur les plateaux étrangers. La faute à tes parents, tout ça. Ils voulaient te donner une éducation parfaite, et tu soupçonnes ton père d'avoir songer à t'affubler d'un poste important à l’international dans l'entreprise familiale.

Tu restes plus silencieux lorsque l'homme te présente à sa famille. L'ordre de tes nom et prénom inversés à l'occidental, tu affiches une grimace légère lorsque tu l'entends écorcher les deux de part son accent italien. Encore une fois, tu te penches, te tournant vers la jeune femme en particulier cette fois. Ce genre de choses … ça arrive souvent, surtout dans ton pays d'ailleurs. Là où les relations de couple, et surtout les mariages sont si importants, combien de parents ne sont pas venus à toi pour te mettre leur fille sous le nez, hein ? Du coup, tu reste dans ton silence, te contentant de sourire, parfois, de façon polie et n'attendant qu'une chose : qu'il retourne d'où il vient avec sa fille avant que ton garde du corps ne vienne y mettre son grain de sel. Malheureusement pour toi, s'il finit par s'éloigner, il te laisse aussi la jeune femme dans les pieds. Et voilà qu'elle te salues, s'incline, te souris. C'est amusant, n'est-ce pas ? Elle essaie peut-être de te donner l'impression d'être différente et pourtant, tu as l'impression qu'elle fait exactement la même chose que lui, à sa façon. « Swan. C'est plus simple, et tout le monde m'appelle comme ça. » Et puis surtout, c'est nettement moins écorché en général que la sonorité Coréenne de ton prénom toujours très mal prononcé en occident.

Soupirant de nouveau, très légèrement, tu finis par te détourner de la jeune femme qui, pour toi manque déjà bien trop de naturel. Tu n'as jamais su supporter les gens trop … guindés. C'est comme ça. Tu rejettes un bloc le genre de personne que tu as côtoyer toute ton enfance, et adolescence. « Pas vraiment, je prends simplement une pause … de toute façon, c'est la tenue pour le tournage. » Tu désignes le jean que tu portes, ainsi que le t-shirt large qui le surmonte et que tu supportes à peine avec la chaleur. « Alors si j'ai bien compris, cet endroit vous appartient ? »